AVANT-PROPOS
Laura Bottereau & Marine Fiquet forment un duo et un couple d’artistes plasticiennes. Elles travaillent ensemble depuis 2013. à travers plusieurs médiums, allant de la sculpture à la photographie, de la création textuelle à l’installation, jusqu’à la vidéo, elles élaborent une fiction commune, faite de simulacres, éprouvant le vivant, à quelque chose près.
Les présences immobiles qui habitent leurs réalisations incarnent des zones transitoires troublant les regards, les genres et les âges. Apparitions mutantes et polymorphes, aussi douces que cruelles, ces figures corporelles construisent des récits, des corps comme archives politiques et forment des espaces de projections mouvants.
S’innervant de différents corpus de représentations pour les mettre en tension, le duo s’attache à faire surgir les paradoxes et les rapports de forces qui s’y logent. Laura Bottereau & Marine Fiquet invitent à puiser dans les détails, à remuer le réel, pour percevoir les fictions enfouies sous les corps et les mettre en morceaux.
« Le duo Laura Bottereau & Marine Fiquet dessine un univers aussi séduisant que répulsif, associant de manière dérangeante, mais assumée, jeux infantiles et marqueurs libidinaux. Déconstruction plastique de l’enfance, cette œuvre affiche néanmoins une retenue, voire une pudeur, paradoxale qui donne à leur propos la tonalité d’une douce insolence.
Leur prolifique fantasmagorie saisit ainsi l’extraordinaire plasticité de l’enfance, cette « période critique » pour reprendre un terme de neurosciences, qu’elles envisagent comme un état transitoire, explosif, et souvent mal compris. Aussi les plasticiennes assument-elles la position d’un réalisme d’ordre psychanalytique ; elles désubliment la vision de l’enfance pour la restituer dans ce qu’elle a de moins glorieux, de la tendance au sadisme à l’expression de ses pulsions égoïstes.
Tout autant graphique que dramaturgique, leur œuvre se situe entre un dessin théâtralisé et des mises en scène illustrées. La collusion entre une apparence immédiatement lisible et des réseaux de sens cachés plus complexes crée des effets de rupture qui en multiplient les interprétations. Leurs protagonistes relèvent d’une même esthétique de l’ambiguïté. Le plus souvent nus comme neutralisés, ces personnages anthropomorphes empruntent leurs caractéristiques conjointement à l’adulte et à l’enfant. Monstres humanoïdes, au genre et à l’identité troublés, ils font coïncider plasticité libidinale, psychique et corporelle sur la scène de leurs propres métamorphoses. (…) »