le grand guili qui pleure

Ça commence dans un rire, mais la chatouille devient désagréable, comme une étiquette qui gratte la nuque, comme une envie soudaine de soulever l’épiderme pour voir au-dessous. Dans une douceur apparente, Le grand guili qui pleure se joue des contradictions, de ce qui démange, de ce qui dérange. Écorché·e·s d’anatomie, amant·e·s anachroniques, ami·e·s imaginaires, éléments de costumes et d’archives participent à la mise en scène d’un simulacre éprouvant le vivant, à quelque chose près. Dé-construisant les représentations corporelles, les genres, les âges, l’exposition invite à puiser dans les détails, à remuer le réel, pour percevoir les fictions enfouies sous les corps, et les mettre en morceaux.

Laura Bottereau & Marine Fiquet travaillent en duo depuis 2013. Leur pratique puise dans l’espace de l’enfance pour ses amusements et ses insolences, mais aussi, et surtout, pour ses troubles, ses cruautés, ses désirs et ses tabous. Les présences d’apparences enfantines qui habitent leurs fictions se jouent de l’image d’innocence qui leur est assignée pour mieux l’assiéger.
Costumées ou masquées, ces apparitions mutantes et polymorphes interrogent le regard et invitent aux lectures plurielles. Ces figures corporelles construisent des récits, des archives politiques¹, et forment des espaces de projection mouvants. Il s’agit de figer l’insaisissable ou au contraire d’incarner l’inanimé, pour mettre à nu ce qui traverse les subjectivités. Ces représentations fictives, sous forme d’installations, d’images photographiques ou textuelles, produisent l’effet d’un miroir à qui les regarde : nous avons tou·te·s un squelette, un corps, une enfance.

« Non, vraiment, il n’est pas besoin de magie ni de féerie, il n’est pas besoin d’une âme ni d’une mort pour que je sois à la fois opaque et transparent, visible et invisible, vie et chose: pour que je sois utopie, il suffit que je sois un corps. »²