transi·e·s

Série de 3 photographies, tirages numériques 26 x 20 cm, encadrements en sycomore 31,5 x 43 cm, 2021.
Coproduction 2angles, avec le soutien du Musée de l’écorché d’anatomie du Neubourg.

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L’ensemble de photographies entrelace des fragments corporels issus de différents corpus d’objets rejouant l’appareillage du corps : prothèses dentaires, perruque, torse clastique issu d’un écorché d’anatomie en papier mâché (coll. Louis Auzoux, début XIXe), supports d’entraînements aux premiers secours en plastique, paires de mains en silicone manufacturées.

À plat-dos, ces imitations se répondent d’une image à l’autre, appuyant leurs inerties communes. La polysémie du terme transi1 invite ici de multiples lectures. Une sieste en apparence, un repos en plein jour, des corps et ce qu’il en reste s’allongent. On les imagine saisi·e·s, engourdi·e·s d’une émotion paralysante, ou peut-être amant·e·s transi·e·s d’amour. Ces choses inertes empruntent aux codes du vivant autant que du gisant2, du réel autant que du factice, du sensible autant que de l’impassible, du commun autant que de l’intime.

On se demande alors si l’image est macabre ou dormante. Le terme transi est ici envisagé pour sa plasticité. Regorgeant de double sens, le langage trompe autant que l’image. Ce triptyque photographique peut sembler morbide, à moins de prendre ce terme dans le vocabulaire de l’art, morbide est alors ce qui est « mou souple et malléable », mais aussi « beau harmonieux et délicat surtout à propos du corps ou du visage des femmes et des enfants ». Figé·e·s dans l’image, ces Transi·e·s nouvelle génération, aux torses simplifiés et aux tombeaux plus tendres, reproduisent l’inquiétante étrangeté de corps plastiques se languissant sur le repli d’une couette.

1 Un transi, dans l’art funéraire, est une sculpture représentant un mort, de façon réaliste, nu, voire en putréfaction. Transi, utilisé comme adjectif signifie aussi « pénétré, engourdi, de froid, de peur, ou par un sentiment intense. »
2 Gisant, de gésir : « être couché, étendu » employé aussi dans la formule « ci-gît »: ici repose. Dans l’art funéraire, un gisant représente un personnage couché et endormi, dans une attitude béate ou souriante.

Vues de l’exposition personnelle Le grand guili qui pleure, 2angles, 2021
Photographies : Anthony Girardi / Laura Bottereau & Marine Fiquet
Texte : Laura Bottereau & Marine Fiquet

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