border de petits poils

Installation sonore, résine, plâtre, cheveux naturels, lunettes, textiles, dispositif sonore, masques, prothèse oculaires, prothèses dentaires, silicone, 123 x 40 x 50 cm, 2019.
Coproduction ESADHaR.

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Jamais tout à fait seule, jamais tout à fait plusieurs, la sculpture Border de petits poils initie un « dialogue à trois » entre une figure enfantine et ses mains gantées de deux chiens. Jamais tout à fait animal, jamais tout à fait humain, jamais tout à fait masque. Le simulacre s’invite dans ces deux têtes de chiens et fait osciller le registre de lecture entre jeux de dissimulation, spectacle de marionnettes et scène de dévoration.
Les chiens sont figurés par des masques, ces objets de déguisement empruntés aux furs1 viennent rejouer l’illusion et l’activation d’un potentiel jeu de rôle. Les masques, ici modifiés et augmentés par l’ajout de prothèses oculaires et dentaires humaines, nous amènent vers un jeu polymorphe. Ils incarnent un entre-deux en prenant à l’humain ses objets de simulacre. Dentier et yeux de verre viennent troubler le costume canin.

Jamais tout à fait simulée, jamais tout à fait réelle, la parole prend place dans les bruits de bouches humaines, les souffles et les râles, entre bouffées absorbées, sucées et recrachées. Les sonorités expirées ou ravalées se font la conversation. Pensées en inversion, les bandes sonores sont diffusées l’une à l’endroit, l’autre à l’envers et hésitent entre dissentiment et complétude. Extrait remanié de la définition de la paupière, le titre Border de petits poils évoque un espace corporel aux appendices couverts de pelages. À la lisière d’un passage, la sculpture occupe les bords d’une fiction plurielle.

1 Communauté de personnes appartenant au fandom furry, ayant un intérêt pour les animaux imaginaires ou non, mythologiques ou anthropomorphes et prenant l’apparence de leurs animaux totems. De l’anglais fan, « admirateur », -dom, « appartenant à une idéologie », et furry, « poilu ». Les pratiques furs peuvent aussi jouer un rôle dans des contextes de rencontres sexuelles fétichistes.

Vues de l’exposition personnelle Au sol, ça sentait la mauvaise haleine, Galerie HUS, ESADHaR, 2019
Photographies : Laura Bottereau & Marine Fiquet
Captation vidéo : Louise Portier
Texte : Laura Bottereau & Marine Fiquet

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