à vous

Vidéo et édition, 8’18, 2018.
Coproduction Maison des arts – Centre d’art contemporain de Malakoff. Avec le soutien du Théâtre 71 – Scène Nationale de Malakoff.

sens de lecture >

La vidéo présente un contre-spectacle de ventriloquie où le registre du rire n’a pas su se faire inviter, où la ventriloque a laissé son costume de côté, où le décor et le spectateur se font absents. Un corps enfantin raide, inanimable remplace la marionnette gesticulante.

De part sa forme même la vidéo se présente en transfuge, elle bouscule les rituels de la ventriloquie. La ventriloque ne peut s’effacer derrière le corps qu’elle maintient, en donnant la parole elle attire le regard. À vous vient délier la part silencieuse de notre travail tout en la ravivant. La parole traverse les corps mais n’anime pas les lèvres. La ventriloquie permet l’expression d’une parole contredite, à la fois donnée et reprise, théâtralisée et flottante. Elle fait entendre les choses tues et par ‘‘chose tue’’ il faut entendre l’enfant, du latin in farer, celui qui ne parle pas, du grec fémi celui qui ne sait pas manifester sa pensée par la parole.

La figure enfantine et la ventriloque se placent en narratrices indissociables. Dialogue labyrinthique construisant un espace intime, refrains, comptines, silences, devinettes et secrets deviennent ici un jeu / je. À vous se présente comme une fiction devenue parole commune, si bien qu’un trouble s’installe quant à savoir qui parle, et pour qui.

Le titre résonne comme une dédicace, une épitaphe, un aveu placé pour témoigner de sentiments. Tournures de phrases faussement enfantines et isotopie de l’anatomie annoncent une violence assumée, l’autopsie d’un cauchemar. Entre lucidité glaçante et registre absurde, l’enfant et la ventriloque s’emparent du langage comme d’un espace.

Photographies / Captation vidéo : Louise Portier
Texte : Laura Bottereau & Marine Fiquet

Retour en haut