elles avaient les mêmes yeux

L’ensemble de dessins vient jouer, rejouer, déjouer et se jouer de sa propre construction narrative. La question du regard se déploie dans la réciprocité : le titre Elles avaient les mêmes yeux inclut le spectateur dans la partie de colin-maillard et de cache-cache qui glisse d’un cadre à l’autre. Mais le titre indique aussi un décalage, l’imparfait place une distance temporelle et annonce une quête d’ores et déjà vaine. Les yeux se dérobent, les décors se plient et se répètent sans trouver d’issue.

Elles avaient les mêmes yeux rassemble des fillettes, toutes semblables, contemplant leur propre mise en scène, miroir d’une réalité qui leur échappe. Les motifs architecturaux construisent un décor flottant comme « pièce », entre l’espace clos et l’espace théâtrale. Actrices et spectatrices d’un théâtre qu’on ne leur donne pas à voir, la violence narrative exerce un contrepoint punitif à l’expectative du regard. Les spectatrices, visages glissant, regrettent déjà les coulisses.