les vieux démons
Installation, résine, plâtre, textiles, silicone, laine, perruques, bois, métal, plastique, verre, dimensions variables, 2018.
Coproduction Maison des arts – Centre d’art contemporain de Malakoff.
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![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Vue d'ensemble montrant 8 présences corporelles déposées sur ou aux abords d'un tapis en laine beige. Les tissus sont moelleux et les teintes douces reprennent la palette du glauque qui se définit par ce « qui est d’un vert blanchâtre ou bleuâtre comme l’eau de mer ».](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-simulacre.jpg)
![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Focus resserré sur des pieds en silicone surgissant du dessous du tapis. Les pieds sont déposés face contre le sol, la voute plantaire apparente. Les franges du tapis les caressent.](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-tapis.jpg)
![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Focus montrant 2 figures enfantines blondes à échelle d'enfant. Leurs mains en plâtre sont issues de moulages de celles des artistes. Les deux personnages sont liés par un unique bras, ils portent des facettes de silicone hyperréaliste en guise de visages. Des larmes de laines surgissent d'un des masques. Le personnage de gauche, traine un doudou en tissu bleu, affublé d'un masque de farces-et-attrapes. Les tissus sont moelleux et les teintes douces reprennent la palette du glauque qui se définit par ce « qui est d’un vert blanchâtre ou bleuâtre comme l’eau de mer ».](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-doudou.jpg)
![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Focus resserré sur une des figures enfantines, portant une facette de silicone hyperréaliste en guise de visage et tirant la langue.](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-fetiche.jpg)
![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Focus resserré montrant 2 figures enfantines blondes à échelle d'enfant. Leurs mains en plâtre sont issues de moulages de celles des artistes. Les deux personnages sont liés par un unique bras, ils portent des facettes de silicone hyperréaliste en guise de visages. Des larmes de laines surgissent d'un des masques. Les personnages tirent la langue.](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-jumelles.jpg)
![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Focus resserré sur un des visages en silicone hyperréalistes. Des larmes de laines surgissent de la découpe des yeux. Le personnage tire la langue](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-demons.jpg)
![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Vue d'ensemble montrant 5 présences corporelles déposées sur ou aux abords d'un tapis en laine beige. Les tissus sont moelleux et les teintes douces reprennent la palette du glauque qui se définit par ce « qui est d’un vert blanchâtre ou bleuâtre comme l’eau de mer ».](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-installation.jpg)
![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Focus sur un personnage assis sur le tapis. Il est recouvert d'un tissu de velours vert, évoquant la figure de fantôme. Une perruque brune, à frange, posée sur le crâne, surplombe le velours. Une jambe et une main s'échappent du tissu.](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-fantome.jpg)
![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Focus resserré sur le personnage assis sur le tapis évoquant la figure du fantôme. Une main s'échappent du tissu de velours vert. Il s'agit d'un moulage d'une des mains des artistes. La main enserre une fausse cigarette de farces-et-attrapes, au bout consumé. Non loin, un verre rempli d'eau où flotte un dentier munies de bagues orthodontiques.](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-cigarette.jpg)
![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Focus resserré sur un personnage. Un masque de carnaval sort de l'encolure d'un tee-shirt en éponge vert. Le masque représente le haut d'un visage aux yeux bleus, avec un nez rougissant et une grosse moustache laineuse. Une frange blonde tombe en léger rideau sur le masque.](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-deguisement.jpg)
![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Focus l'extrémité droite de l'installation. Un demi personnage gît sur le bord du tapis., il évoque le tour de magie de la "femme coupée en deux" Il s'agit d'un fragment corporel de la moitié basse d'un corps habillé d'un tissu éponge. En arrière-plan, on trouve une sculpture de forme totémique, affublée d'un masque de carnaval représentant une personne âgée. De fils de laine sortent de la bouche. Une paire de gants en silicone hyperréalistes sont déposés à califourchon sur un segment de la sculpture.](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-vieux.jpg)
![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Focus resserré sur une paire de mains déposées nonchalamment au sol. Des manches roses pales enlacent les poignets.](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-mains-1.jpg)
![Vue d'exposition de l'installation intitulée "Les Vieux démons". Focus resserré sur une bouche et une langue en silicone tirée. Jeu de texture.](https://bottereau-fiquet.com/wp-content/uploads/bottereau-fiquet-langue.jpg)
Un tapis comme un placard dans lequel on place toutes sortes de rebuts, souvenirs poussiéreux, ectoplasmes, visions morbides et grimaçants désirs. Un tapis comme planque et aire de jeux où les pyjamas hésitent entre cauchemars divertissants et réveils subvertis. Dessus, dessous, le tapis de la torpeur présente un paysage laiteux sur lequel vient se déployer l’installation. Les tissus moelleux, les teintes douces reprennent la palette du glauque : « qui est d’un vert blanchâtre ou bleuâtre comme l’eau de mer »1.
L’inactivité apparente présente un moment de latence, une tension entre refoulement et défoulement. La construction des corps amène une lecture glissante et éclatée qui invoque à tour de rôle : corps elliptiques, corps fusionnés, jeunes ou vieux, fragmentés, dissimulés ou totémiques, corps fétiches, comme supports et incarnations de croyances et de désirs.
Tirer la langue, vomir sur le tapis, fumer sous son drap, se saisir du dentier qui baigne… Les reprises d’objets de farces-et-attrapes, objets contrefaits oscillant du rire au dégoût permettent de faire jaillir les jeux délicieusement répugnants des après-midi d’enfance. Le choix des matériaux, empruntant conjointement accessoires de farces-et-attrapes, de déguisements et objets fétichistes forment un corpus qui induit un flottement dans la perception.
Objets paradoxaux, à la fois figés, éternels et fugaces, les objets de fétiches sont souvent abordés sous l’angle de l’illusion, de l’aliénation ou de la perversion. Il ne s’agit ici en rien de soigner, mais au contraire de convoiter l’illusion, de convoquer ces « objets intenses » pour leur intensité : « le fétiche est aussi un plus‑qu’objet, un trans-objet, dès lors que, primo, il rompt les réseaux des enchaînements, des relations en lequel les objets sont pris et que, secundo, il substitue aux fonctions et finalités dudit objet une fonction magique. (…) Il s’auto-pose revêtu d’une utilité ésotérique, d’une puissance érotique, désirante qui en fait un au-delà de l’objet. »2
Les vieux démons jouent sur un registre parodique. Les présences corporelles flirtent avec le grotesque et dérèglent la division du vrai et du faux en produisant un règne du simulacre. La mise en scène vient donner corps à nombre de paradoxes inhérents aux objets choisis : les fausses facettes de visages, les faux pieds et fausses mains en silicone sont de vrais accessoires fétichistes manufacturés.
Le topos de la gémellité fait resurgir la valeur plurielle du masque. Visages trop grands, trop mous, iels apparaissent comme une entité, liée par les poignets. Seul·es debout, iels se dressent en maîtres·ses de cérémonie. Image du miroir, du diable : celui qui est double et qui divise, iels incarnent l’illusion3, la langue tirée en signe de moquerie.
1 Défintion du CNTRL.
2 Veronique Bergen, Fétichismes, ed. Kimé, coll. « Bifurcations », 2016.
3 Du latin illusio « ironie », « illusion, tromperie » dérivé de illudere « jouer avec, se jouer », « railler ».
Vues de l’exposition personnelle J’ai léché l’entour de vos yeux, Maison des arts – Centre d’art contemporain de Malakoff, 2018 et de l’exposition Des soleils mouillés – Prix des arts visuels de la Ville de Nantes, L’Atelier, 2023
Photographies : Grégory Valton / Laura Bottereau & Marine Fiquet
Texte : Laura Bottereau & Marine Fiquet