berne(r)

Sculpture, plâtre, perruque, textiles, bois, coton, 135 x 80 x 167 cm, 2017.
Coproduction MPVite.

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Berne(r) revendique une lecture multiple. La broderie convoque un balancement polysémique : drapeau en berne ou étendard trompeur ? La posture de la sculpture répond à l’ambivalence du terme : qui berne qui ? Le retournement de la jupe dévoile autant qu’il coupe l’accès au visage. Ce geste de provocation contrarie la pudeur et met le public face à son propre voyeurisme.

La sculpture semble, à première vue, incarner une figure enfantine type : l’écolière, robe à carreaux, chaussettes relevées et culotte blanche. Ces codes vestimentaires évoquent une image d’innocence tout autant que de fantasmes. Cette construction sexualisée du corps des fillettes, bien présente dans l’imaginaire hétéropatriarcal, n’est pas sans conséquences en matière de stéréotypes de genres et de logiques de dominations. La sculpture joue volontairement et ironiquement avec les limites symboliques de ces codes.

Berne(r) met en scène des logiques de renversement propres aux stratégies queer. La sculpture dérange en donnant l’image d’un corps qui se réapproprie fièrement les outils de ce qu’on voudrait lui faire subir. La sculpture incarne alors la question du pouvoir : le drapeau ainsi chevauché se transforme en objet érectile et évoque une figure féministe : la sorcière sur son balai. L’uniforme d’écolière devient un costume aussi transgressif que fantomatique. La notion de costume est ici cruciale, il ne s’agit pas de représenter une fillette, mais de mettre en lumière les artefacts qui la construisent, les comportements qu’on lui projette, les coercitions qui lui sont assignées.
Berne(r) se présente comme point de bascule entre le costume que l’on subit et celui que l’on choisit, rappelant les marqueurs de genre à leur propre fiction.

Photographies : Laura Bottereau & Marine Fiquet
Texte : Laura Bottereau & Marine Fiquet

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