soliloques

Installation, 40 boites, carton gris, papier Ingres, textiles, perruque semi-naturel, corail, plâtre, encres, prothèses ongulaires, prothèses dentaires, métal, silicone, ouate, caoutchouc, faux-cils, cheveux naturels, cire, plastique. 34 textes tracés au normographe, graphite, encadrement verre et papier Ingres, dimensions variables, 2019-2021. 
Coproduction ESADHaR et 2angles.

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L’installation Soliloques s’incarne au fond d’une quarantaine de boîtes et forme un ensemble de portraits, d’ami·e·s, de fictions. Des fragments de corps, pliés, rangés, dérangés ou avachis, se déploient timidement au creux du carton. D’autres, couvercles fermés, resteront à l’abri des regards. Chaque boîte porte une étiquette qui nomme autant qu’elle archive ou conserve : Pulpe, D. , Bubuk1, Clapotis, Regretté, Grateful, Marécage, Impaire ou Moniques y prennent place. Compagnies inventées, ami·e·s imaginaires, chacune de ces présences en porte le récit. Entre fiction et témoignage, l’espace de projection prend place à la fois plastiquement et textuellement. À ces ententes secrètes s’ajoutent inévitablement les questions de la transmission et du simulacre.

Imaginer une discussion avec elleux reviendrait, à priori, à parler seul·e dans un étrange soliloque. Pourtant, aussi invisibles soient-elles, certaines de ces amitiés ont existé. Grateful2 ou Marécage3 ont connu de réelles amitiés imaginaires. Leurs boîtes closes traduisent l’antithèse de ces « vraies-fictions », leurs images ne peuvent appartenir qu’aux enfants qui les ont côtoyées. D’autres incarnent le jeu des amitiés fictives. Leurs corps elliptiques ou partiels, invitent à la reconstitution. Les textes éponymes de chaque boîte, composent la trame d’un rôle où les artefacts prendraient corps. Écrites à quatre mains, ces quelques lignes évoquent un instant, un état, un été, ou une chute. Le normographe vient comme un moyen de traduire et de neutraliser cette écriture commune.

Les présences simulées qui reposent dans leurs coffrets sont construites par des éléments rejouant ou imitant le corps. Tee-shirt, culotte, chaussettes et body sont habités de vide, plats, en attente. Mollesse nuancée d’indifférence; la nonchalance de Clapotis laisse s’échapper d’un peignoir sa tête-ballon, son sexe-corail et ses tétons synthétiques. Le dialogue des matériaux induit un trouble entre tissus et épiderme, un flottement entre mimétisme et imposture qui se déploie boîte après boîte.

(Intégralité des textes disponible sur demande)

1 Grateful, amie imaginaire de Ruby, 3 ans, racontée par sa mère sur twitter (2015).
2 Marécage, amie imaginaire de Jacqueline, quatre ans, analysée par son père, Jean Piaget, psychologue (1945).
3 Bubuk : à rapprocher du pic. (St-Pol-sur-Ternoise) bubuk « bouche des enfants ».

Vues de l’exposition Histoires vraies, MAC VAL, 2023 et de l’exposition personnelle Le grand guili qui pleure, 2angles, 2021
Photographies : Martin Argyroglo / Anthony Girardi / Laura Bottereau & Marine Fiquet
Captation vidéo : © 2023, MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne.
Texte : Laura Bottereau & Marine Fiquet

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