l’ennui des jeunes corps

L’ennui des jeunes corps est constitué d’un ensemble de dessins et d’un jeu de dames, à la fois objet sculptural et protocole de création : chaque partie de jeu vient créer une narration et donne lieu à un dessin.

Les règles sont celles du jeu de dames, on y joue à deux, le but est de prendre ou de bloquer toutes les pièces de son adversaire. Une fois la partie terminée, chaque joueu·se·r retourne les pions restants sur le damier. Sous ces pions se cachent un chiffre. Chaque chiffre correspond à un mot répertorié dans l’index des dames: « mollement, mouiller, velu(e), sommet … ». La liste de mots, ainsi que leurs situations géographiques sur la grille du damier, présuppose alors une narration, qui est ensuite traduite par un dessin réalisé à quatre mains.

Le protocole de création inhérent au jeu de dames invite les spectateurs à entrer dans la fiction mise en place dans les livrets de jeux. Recomposant chaque partie en rebroussant chemin, il s’agit de découvrir les coulisses du dessin.
L’accumulation de parties jouées l’une contre l’autre est venue, contre toutes attentes, recréer l’ennui. Cet ennui devenu modalité du jeu en propose une utilisation à contre-emploi. Le divertissement devient une contrainte et cette injonction à inventer donne lieu aux dessins. Chaque partie se transforme en duel et le jeu en épuisement et cette condition se retrouve dans les dessins : corps épuisés et abattus, rapports de force, cruauté, perte de repère, cauchemar, mise en péril, espace trouble et temporalité suspendue.