mouvement perpétuel

Installation, résine, perruques, porcelaine, textiles, corde, métal, plâtre, dimensions variables, 2015.
Coproduction Galerie 5 et La Paperie.

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« Mouvement perpétuel réunit deux personnages à taille d’enfant en un sens difformes car affublés de membres d’adultes. Moulés d’après les corps des artistes, les mains en plâtre et les masques de porcelaine font des mannequins des alter-egos de Laura Bottereau & Marine Fiquet, même si leur neutralité générale permet à chacun de s’y projeter. Les protagonistes sont reliés l’un à l‘autre par une corde, placée à l’endroit de leurs organes génitaux, que le spectateur peut activer à l’aide d’une manivelle. Au premier abord, on pourrait croire à une innocente partie de corde à sauter, à laquelle le spectateur pourrait nostalgiquement participer, si l’activation du mécanisme par le spectateur ne produisait pas, en second lieu, l’effet d’une charge sexuelle mêlée
d’un sentiment de blesser ou de malmener les mannequins, par frottement ou friction de la corde contre la chair intime. L’association de la violence et du sexe plaide ici encore pour une mise en scène de la jouisance au sens lacanien : cette disposition affective où l’horreur se mêle au plaisir, allant selon la formule du psychanalyste de la chatouille à l’immolation.

Leur titre associe le mouvement perpétuel, le principe d’un mouvement cosmique éternel, à un motif libidinal, celui de la pénétration répétée, dans une dialectique aussi vaine que jubilatoire. Image désabusée de la mécanique procréatrice comme de la répétition d’un geste qui confine à la torture, Mouvement perpétuel joue de l’ambiguïté entre le viol, par définition non-consenti, et la scène sadomasochiste, le jeu volontairement blessant. Rappelant l’humain à la perversion polymorphe de son enfance, Laura Bottereau & Marine Fiquet en démystifient l’innocence supposée, et profitent de l’ambiguïté affective produite pour affirmer la nécessaire ambivalence de la pulsion infantile, la balance perpétuelle entre le plaisir de soi et la jouissance de l’autre.(…) »

Photographies : Laura Bottereau & Marine Fiquet
Texte : Florian Gaité, (extrait) Jeux interdits, Revue Terrain Vague #3, mars 2017

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