douces indolences

Installation, porcelaine, laine, plâtre, textiles, résine, dimensions variables, 2017.
Coproduction MPVite

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Douces indolences pose la question du phantasme comme rêve, hallucination. Les termes fantasme, fantôme et fantaisie dérivent tous trois du grec phantagma qui signifie à la fois spectre et image mentale.

L’installation met en scène des silhouettes enfantines aux proportions glissantes. Le corps métonymique incarné par les pieds semble aller à la rencontre de l’enfant aux membres trop longs, trop mous. L’un·e est vide, absent·e, alors que l’autre, tout en longueur, pourrait trébucher sur lui-même. L’un·e sans visage, l’autre les yeux clos, la rencontre n’aura pas lieu. Chaussé·e·s, cagoulé·e de laine, les accessoires viennent contraster avec les teintes livides des corps. La laine devient objet fétiche aux jouissances sentimentales platoniques et marque ainsi le contraste de corps froids contre tiédeur laineuse. La limite entre le corps et le costume est ici dilatée : il s’agit de construire un état de corps aussi proche de la poupée que du fétiche créant une image dysfonctionnelle de l’enfant.

Douces indolences tire son point de départ d’une étude lexicale. Tricoter, étymologiquement « caresser, frotter, battre » est un terme dérivé de trique, tout comme le tricot : gros bâton, gourdin, « être raide comme une trique ». Pied de nez à la technique du tricot comme ouvrage dit ‘féminin’, le choix d’une laine rose layette en renforce l’ironie. L’enfance sait se jouer du (long) bout qu’elle n’a pas. Douces indolences rappelle le moment éprouvé de tendres et tièdes somnolences, aux rêves agités et aux conscientes angoisses.

Vues de l’exposition personnelle J’ai léché l’entour de vos yeux, Maison des arts – Centre d’art contemporain de Malakoff, 2018
Photographies : Laura Bottereau & Marine Fiquet
Texte : Laura Bottereau & Marine Fiquet

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