indemne 2

Un mannequin d’entraînement aux premiers secours se détache du mur, comme mis en lévitation, mis en démonstration. Seul le corps secouru est donné à voir, le secourant est effacé. Au mannequin se greffent des artifices empruntés aux humains allant des résines dont les dents ne se déchausseront plus, à la perruque aux cheveux qui ne pousseront plus, au sous-vêtement cachant la pudeur d’un sexe inexistant.

Autour de son cou, un collier gravite comme une promesse. Reste Indemne ; le corps sans cellule, qui ne se désagrège pas, le mannequin figé dans sa matière plastique qui ne meurt et ne ressuscite pas, ainsi que le corps enfantin qui ne grandira pas. Sur ce pendentif en grain de riz censé porter bonheur, Indemne s’inscrit comme un prénom. Le grain, mis sous cloche, est aussi exempt du vieillissement que le corps qui le porte.

Incarnant le paradigme du mensonge, le mannequin rencontre le nez de Pinocchio. Invoquant le célèbre conte d’un pantin sculpté dans une bûche qui deviendra véritable enfant de chair et d’os, l’histoire d’une marionnette dont le nez s’allonge un peu plus à chacun de ses mensonges est ici transposée au mannequin de premiers secours. L’appendice nasal indique le mensonge inhérent au corps factice.
Indemne 2 invite le faux à mimer le vrai, à travers un corps à réanimer sans cesse comme un même récit, un même conte à raconter soir après soir, comme un vœu qui ne trouve jamais de fin.